Comment les écoliers sont devenus des pions dans la crise au Cameroun anglophone

C’était la mi-journée, le 24 octobre 2020, quand un groupe d’hommes à motos brandissant des machettes et des armes à feu sont arrivés à l’Académie internationale bilingue Mother Francisca, dans la ville de Kumba. Avant de repartir, ils ont tuésept enfants et blessés une douzaine d’autres. Plusieurs autres enfants se sont également blessés alors qu’ils essayaient de fuir en sautant par les fenêtres.

Le massacre de Kumba a fait les gros titres dans le monde entier et profondément choqué le Cameroun, un pays enlisé dans les affres d’un conflit armé opposant le gouvernement central à un mouvement séparatiste dans ses deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Ce n’est ni la première attaque contre une école au Cameroun, ni la dernière. Début février, une école privée a été incendiée dans le village de Kungi, près de la ville de Nkambe, au Nord-Ouest. Une attaque qui aurait été commise par des séparatistes. Des médias locaux se sont interrogés sur l’apparente incapacité du gouvernement à protéger des enfants dans ce qui était pourtant censé être un de ses bastions.

Dans le monde entier, la pandémie de COVID-19 a éloigné les enfants des écoles pendant plusieurs mois. Mais dans les régions anglophones du Cameroun, la scolarité est restreinte depuis près de 4 ans. Un boycott des écoles par les séparatistes et une réponse brutale du gouvernement ont mis en péril l’accès des enfants à une éducation en toute sécurité.

Dans cette crise en pleine escalade, les kidnappings, les extorsions et les assassinats de civils sont devenus monnaie courante. De nombreuses accusations pointent contre les forces séparatistes, mais aussi contre le gouvernement. Ainsi, en février 2020, un groupe de soldat camerounais accompagnés de miliciens auraient massacré 20 civils dans la ville de Ngarbuh, un incident pour lequel l’armée camerounaise a d’ailleurs fini par reconnaître une part de responsabilité. Mais il s’agit d’un pays où il est difficile d’enquêter : le gouvernement camerounais est largement considéré comme un pouvoir autoritaire connu pour violer les droits humains.

Alors que de terribles images d’attaques contre des civils continuent à faire surface, les techniques d’enquêtes en sources ouvertes peuvent néanmoins permettre de rassembler quelque pièces du puzzle, et de raconter comment des écoliers camerounais, ainsi que leurs parents et leurs instituteurs, ont été piégés au milieu de ce qui est souvent décrit comme l’un des conflits les moins couverts du monde.

En analysant des images disponibles en sources ouvertes issus des réseaux sociaux camerounais, Bellingcat a pu vérifier 11 attaques contre des écoles et des enfants dans les régions anglophones commises de 2018 à début 2021. Ces vidéos, collectés par le Cameroon Anglophone Crisis Database of Atrocities et le Berkeley Human Rights Center, révèle l’ampleur de la crise humanitaire en cours au Cameroun et dont Kumba n’est que l’exemple le plus connu.

Que se passe-t-il au Cameroun anglophone?

La crise du Cameroun anglophone prend ses racines dans son passé colonial. Le Cameroun, ancienne colonie allemande, a été démembrée par la Grande-Bretagne et la France à la fin de la Première Guerre mondiale. La France récolte alors la part du lion en obtenant la majeure partie du pays, tandis que les régions frontalières du Nigeria passent sous l’administration coloniale de la Grande Bretagne, devenant le Cameroun britannique. L’Anglais y devient le langage dominant et la common law s’applique dans les tribunaux. Après l’indépendance du Cameroun français en 1960, les régions britanniques ont droit à un referendum pour déterminer leur avenir. La moitié nord rejoint alors le Nigera, tandis que la moitié sud se fond dans le Cameroun français pour devenir la République fédérale du Cameroun. Mais l’autonomie accordée aux territoires anglophones ne dure pas. En 1972, le président Camerounais Ahmadou Ahidjo décide de centraliser la gouvernance du pays en démantelant la fédération, au grand dam de nombreux activistes qui commencent alors à s’organiser. Le successeur d’Ahidjo, le président Paul Biya, mène une répression farouche contre l’activisme anglophone, malgré l’ajout à la constitution de mesures symboliques sur la décentralisation en 1990. Les mouvements anglophones continuent de protester contre les mauvais traitements infligés par l’État et de militer pour leur auto-détermination. Devenu président en 1982, Biya est aujourd’hui le dirigeant non-monarchique étant resté le plus longtemps au pouvoir du monde.

Le «problème anglophone» ressurgit pour la dernière fois en 2016, quand des avocats et des instituteurs anglophones protestent contre l’installation de juges et d’instituteurs francophones dans les tribunaux et les écoles de leurs régions. L’armée camerounaise répond en arrêtant les leaders du mouvements et en coupant l’accès à internet. Avec les plus modérés en prison, un nouveau mouvement séparatiste émerge et déclare unilatéralement l’indépendance des régions anglophones, renommées « République d’Ambazonie », en octobre 2017.

Aujourd’hui, un conflit fait rage dans lequel l’armée camerounaise affronte des dizaines de groupes séparatistes armés ainsi que des groupes de brigands. Il existe des preuves de crimes de guerre perpétrés par toutes les parties au conflit, y compris par l’État central : torture, exécutions extra-judiciaires ou encore incendies de villages. Les Nations unies estiment que sur les 6 millions d’habitants des régions anglophones, 1,1 million ont été déplacés, dont 60,000 poussés à l’exil au Nigeria voisin.

Un boycott des écoles

« Chers parents d’Ambazonie, je vous supplie de ne plus envoyer vos enfants à l’école. Les forces terroristes d’occupations marchent sur nos territoires et ouvrent le feu sans s’arrêter […] N’envoyez pas vos enfants à l’école aujourd’hui et pleurez demain, vous n’aurez que vous-mêmes à blâmer », déclare le général Efang, « commandant Suprême » des Forces de défense de l’Ambazonie (ADF) en Pidgin camerounais, un créole à base lexicale anglaise parlé dans les régions anglophones du Cameroun, posant avec des hommes armés devant un drapeau ambazonien. Il ajoute que lorsque la guerre sera gagnée, les enfants pourront alors jouir de la meilleure éducation. La date et le lieu où a été prise cette vidéo sont inconnus, mais elle est apparue pour la première sur Facebook en août 2019.

Le commandant séparatiste connu sous le nom de « général Efang » donne un discours dans un lieu inconnu

Le boycott des écoles, ainsi que les opérations connues sous le nom de « villes fantômes », démontrent la détermination des combattants séparatistes des régions anglophones. Les instituteurs qui continuent à travailler dans les régions sous contrôle séparatiste risquent d’être désignés comme des « blacklegs », ce qui donne un prétexte aux groupes armés pour les harceler, les kidnapper, ou pire encore.

Un instituteur actuellement sans emploi déclare à Bellingcat qu’ils essaient de maintenir un équilibre précaire entre le boycott imposé par les séparatistes et les troupes gouvernementales qui tentent d’y mettre fin.

« Cela fait maintenant trois ou quatre ans que je n’ai pas mis les pieds dans ma salle de classe. Mes élèves me manquent, et je leur manque aussi », dit-il, demandant à garder l’anonymat pour des raisons de sécurité.

« Notre problème principal c’est les Amba Boys [combattants séparatistes]. Quiconque tente de se rendre dans une école du gouvernement risque gros. Mais le deuxième problème, c’est les forces gouvernementales. Quand vous vous rendez dans des zones sous leur contrôle ils peuvent vous dire ‘‘Oh tu es instituteur. C’est vous qui êtes à l’origine de tout cela et maintenant les rebelles nous tuent !’’. Et si vous n’avez pas de chance, ils peuvent vous accuser de soutenir les Amba Boys », raconte l’instituteur.

Le boycott des écoles gérées par le gouvernement a d’abord été une stratégie des militants anglophones en 2016, dont des instituteurs, pour amener le gouvernement camerounais à la table des négociations. La situation s’éternisant, les demandes sont devenues de plus en plus radicales et la sécurité des écoliers et des instituteurs s’est détériorée.

Elvis Arrey Ntui, chercheur sur le Cameroun pour l’International Crisis Group, explique à Bellingcat que des groupes criminels sans affiliations claires ont également tiré avantage de la situation pour racketter les instituteurs.

L’éminent avocat Felix Abgor Nkongho, fondateur et président du Centre for Human Rights and Democracy in Africa (CHRDA), a co-organisé les premières manifestations pacifiques de 2016 qui ont déclenché la crise anglophone.

Il a été arrêté et emprisonné pendant huit mois par le gouvernement camerounais. Depuis sa libération, il a milité contre la violence et appeler à la réouverture des écoles en toute sécurité. « Peut-être qu’à l’époque le boycott des écoles était une bonne idée, mais un tel boycott ne peut durer longtemps. Et on ne peut sacrifier le bien-être des enfants pour des raisons politiques », explique-t-il aujourd’hui à Bellingcat.

« Nous sommes en train de nourrir un cercle vicieux de pauvreté et de discriminations à tel point que les enfants n’ont plus accès à une éducation parce que leurs parents n’en ont pas les moyens. Ils finiront par atterrir tout en bas de l’échelle sociale », continue-t-il.

De son côté, le gouvernement camerounais a lancé une politique agressive visant à relancer l’éducation, proposant des convois militaires aux étudiants et aux instituteurs dans les régions en guerre. Le gouvernement est signataire de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles qui restreint leur utilisation à des fins militaires durant des situations de conflit. Pourtant, il a été accusé de se servir des établissements scolaires dans une autre zone de conflit, dans la région de l’Extrême-Nord pour les transformer en lieux de tortures de prisonniers, alors que les élèves étaient toujours présents.

Les figures séparatistes pensent quant à elles que le boycott est une tactique qui peut leur permettre de faire pression sur le gouvernement. Si la situation dans les régions anglophones revenait à la normale, alors d’après eux le gouvernement n’aurait plus aucune raison de négocier. Une stratégie détaillée à Bellingcat par Ebenezer Akwanga, chef des Forces de défense du Cameroun méridional (SOCADEF), un groupe séparatiste.

« Je souhaite un boycott total. Car je crois que s’il y a un réel boycott total – sans attaquer ni incendier les écoles – incluant toutes les écoles, des institutions privées aux établissements gouvernementaux, cela poussera l’État à venir à la tables des négociations le plus rapidement possible », explique Akwanga.

Cho Ayaba, leader d’un autre groupe politique séparatiste important, le Conseil de gouvernance de l’Ambazonie et sa branche militaire des Forces de défense de l’Ambazonie (ADF), explique à Bellingcat que les enfants pourraient aller à l’école, mais seulement dans des territoires sous leur contrôle et selon un programme scolaire approuvé par les séparatistes.

« Nous défendons notre indépendance, et je ne pense pas que vous souhaiteriez qu’un programme d’éducation étranger soit imposé dans votre pays. L’ennemi doit se retirer de notre pays […] et nous laisser mettre en place nos propres institutions pour superviser le système éducatif », dit Ayaba.

Dabney Yerima est l’actuel vice-président du gouvernement intérimaire autoproclamé d’Ambazonie. « Nous avons toujours été cohérents et expliqué que c’était aux parents de déterminer si les conditions sont suffisamment sûres pour permettre à leurs enfants de retourner à l’école », explique-t-il par mail. « Le gouvernement intérimaire veut que les enfants puissent étudier dans un environnement calme et pacifique et soutient par conséquent les écoles communautaires comme une mesure temporaire sur tout l’état d’Ambazonie ».

Le gouvernement camerounais n’a pas répondu à nos multiples demandes d’interviews au sujet des défis posés à l’éducation dans les régions anglophones du pays. Après 4 ans de boycott scolaire, l’UNICEF estime dans un récent rapport qu’un million d’enfant camerounais, y compris dans la régions anglophones, ont désormais un besoin urgent de protection face à la violence.

Panique à Limbe

L’impact psychologique et la peur engendrés par les attaques contre les écoles n’a cessé d’augmenter depuis le début du conflit anglophone.

Au début de l’année scolaire 2020, certains espéraient que l’école puisse finalement reprendre. « Au départ les parents n’était pas effrayés à l’idée d’envoyer leurs enfants à l’école. [Beaucoup se disaient] voyons simplement comment cela va se passer », témoigne anonymement un autre enseignant pour Bellingcat. « Mais cela a fini par arriver : le premier choc a eu lieu quand des enfants ont été tués dans une école de Kumba. »

Le 27 octobre 2020, quelques jours après l’incident, des vidéos de panique générale ont commencé a circulé sur les réseaux sociaux camerounais, bien au-delà de Kumba. Bellingcat a pu géolocaliser huit vidéos tournées ce jour là à trois endroits différents à Limbe, un ville côtière situé à 94 kilomètres au sud de Kumba, ainsi qu’une autre dans la ville de Buea. Toutes les vidéos semblent montrer des enfants inquiets pour leur sécurité fuyant leurs écoles. Des informations contextuelles, dont les commentaires des internautes et ceux des vidéos, suggèrent qu’il s’agissait d’une réaction au massacre de Kumba.

Le narrateur d’une de ces vidéos raconte « il semble qu’une école a été attaqué, l’école primaire de Bota ». « Une attaque que nous ne sommes pas en mesure de confirmer depuis là où nous nous trouvons. »

Cette vidéo a été tournée près de Bota, dans la banlieue de Limbe, près du stade de football et de l’école publique de Bota.

L’école en question peut être facilement trouvée sur OpenStreetMap.

Nous avons également été en mesure de géolocaliser d’autres vidéos similaires montrant des enfants et des parents paniqués près d’une école publique dans un endroit nommé Mile 1 (4.024196, 9.210055), devant le lycée public (4.036806, 9.204917), ainsi que deux vidéos (1, 2) montrant des enfants effrayés fuyant dans la direction inverse opposée à l’école (4.017865, 9.208934). Enfin, une dernière vidéo montre des enfants en uniformes scolaires courant à travers des feuillages dans la direction opposée au GTHS (Lycée technique publique) de Molyko à Buea (4.156622, 9.278865), l’une des plus grandes villes de la région anglophone.

La panique visible sur ces vidéos est compréhensible au vu des événements que nous avons pu documenter grâce à des méthodes de recherche en sources ouvertes.

Des écoles en flammes

Des images disponibles sur des sites de cartographie satellite montrent les restes carbonisés de bâtiments dans plusieurs villages camerounais.

Une analyse plus poussée sur ces plateformes s’est révélée cruciale pour vérifier sept vidéos d’écoles en flammes qui sont apparues sur les réseaux sociaux camerounais. Bien que les auteurs de ces vidéos accusent souvent les groupes séparatistes d’être responsables de ces attaques, nous ne sommes pas en mesure de confirmer l’identité des attaquants ni leur affiliation.

Quatre de ces vidéos ne les montrent pas. Mais sur une autre, on peut voir des hommes masqués vêtus en civils, tandis qu’une autre montre des hommes portant un uniforme ressemblant à ceux utilisés dans les forces armées camerounaises, comme l’avait déjà remarqué le Berkeley Human Rights Center.

La vidéo avec les hommes en civils a été filmée quelques semaines seulement après l’attaque de Kumba. Cet incendie criminel est survenu le 4 novembre 2020 au Kulu Memorial College, près de la route principale reliant Limbe à la ville de Moliwe (4.045870, 9.217020). Sur cette vidéo on peut voir des hommes non-identifiés s’attaquer à l’école, forçant les enfants et les instituteurs à se dévêtir avant de fuir. Une fois l’école vidée de ses élèves et de ses employés, l’école est incendiée par les attaquants.


Une autre vidéo du même incident, mise en ligne sur les réseaux sociaux le 4 novembre, montre une école vide, avec les vêtements des enfants dispersés sur le sol, alors que des hommes en uniforme arrivent pour prendre la mesure des dégâts. Nous ne sommes pas en mesure d’estimer le temps qui s’est écoulé entre ces deux vidéos en raison du temps nuageux qui empêche d’analyser les ombres, comme c’est souvent le cas dans cette région pluvieuse et humide du Cameroun.

Dans le cas d’un incident qui serait survenu dans la ville de Bafut, aucune photo ou vidéo n’est disponible. En revanche, des posts publiés sur les réseaux sociaux assurent qu’au cours d’une large opération militaire menée en août 2020, l’armée camerounaise aurait encerclé le Bafut Palace, un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, avant de brûler une école primaire publique (6.087581, 10.114967). Bellingcat a essayé de contacté le gouvernement camerounais ainsi que l’armée au sujet de ces allégations mais n’a pas reçu de réponses avant la publication de cet article.

Une analyse des images satellites de Google Earth fourni cependant des preuves visuelles de dégâts conséquents subis par l’école, visibles dans le carré rouge, à une date comprise entre février 2018 et octobre 2020.

En plus des images de Google ci-dessus, les photos satellites basse résolution de Planet.com suggèrent que les dégâts ont été infligés entre le 5 et le 11 août 2020. Ils sont à peine visibles sur le bâtiment en forme de L sur l’image ci-dessous:

Début 2021, plusieurs écoles ont brûlés dans des zones rurales à travers les deux régions anglophones.

Le 22 janvier, le dortoir des garçons de l’école secondaire presbytérienne de Mankon (5.943825, 10.144972), près de la ville de Bamenda dans la région du Nord-Ouest, a été attaqué. Les jours suivants, le dortoirs de filles est également incendié. Les deux incidents se sont déroulés la nuit sans faire de victimes.

Les deux dortoirs sont marqués par des carrés verts sur l’image satellite ci-dessous:

Simon Emile Mooh, officier supérieur du département de Mezam, suspecte des complicités avec les séparatistes et a déclaré aux médias locaux que les autorités avaient « une liste d’élèves suspects qui sympathisent probablement avec les terroristes ».

Cependant, d’après un blog local, personne n’a revendiqué l’acte. Le même blog a publié des images haute-définition [1, 2] des conséquences de l’attaque, montrant les restes calcinés du dortoir des filles. Nous pouvons confirmer la date et le lieu de l’attaque sur les deux dortoirs en utilisant l’imagerie fournie par Sentinel-2 et PlanetScope.

Ces images sont certes d’une faible définition, mais une différence est bien perceptible en se concentrant sur le long bâtiment à l’intérieur de la zone ovale au centre de l’image.

En comparant les images du 22 et du 23 janvier on peut aussi voir des traces de la destruction du dortoir des filles.

Voici une comparaison entre le 23 et le 24:

Le GIF ci-dessous montre la destruction des deux dortoirs. Une image fournie par Sentinel-2 datée du 21 janvier montre le campus avant l’attaque. Une autre image datée du 26 montre quant à elle les conséquences de l’attaque. Enfin une dernière image datée du 31 montre que les dortoirs ont été reconstruits, a priori avec du matériel fourni par Agho Olivier Bamenju, député de Mezam-Nord, près de Bafut.

Le village de Kungi dans la sous-division de Nkambe se trouve à cinq heures de route au nord-est de Bamenda (6.605764, 10.685076). Le 9 février, une école catholique y a été brûlée. L’incident s’est déroulé tôt le matin, quelques heures avant l’arrivée des élèves et de leurs parents.

Le village de Kungi dans la sous-division de Nkambe se trouve à cinq heures de route au nord-est de Bamenda (6.605764, 10.685076). Le 9 février, une école catholique y a été brûlée. L’incident s’est déroulé tôt le matin, quelques heures avant l’arrivée des élèves et de leurs parents.

L’école est visible intacte sur une image satellite du 5 février, mais à partir du 10 elle semble avoir été détruite. Selon Mimi Mefo Info, un média en ligne financé par un journaliste camerounais qui travaille sur les régions anglophones, le village est considéré comme un bastion gouvernemental.

Des images postées sur Facebook montrent des villageois présents sur le site après l’incendie, a priori pour constater les dégâts. Dans deux vidéos [1, 2] qui capturent le même moment sous différents angles, on peut voir un homme qui, à en juger par son uniforme, semble être l’officier du département de Nkambe. Selon la traduction depuis le Pidgin fournie par le CHRDA, il aurait réprimandé des locaux sélectionnés dans la foule en les accusant d’abriter des « Amba Boys » et insinuant que certains d’entre eux auraient vendu du pétrole aux attaquants. Des soldats patrouillent dans la zone.

En raison de la faible définition de la vidéo, nous ne sommes pas en mesure de discerner le visage de l’officier, mais un décret officiel du gouvernement camerounais disponible en ligne nomme le l’officier Ngidah Lawrence Che. Un statut confirmé par le profil Facebook de la personne en question.


Enfin, la position des ombres semble indiquer que ce rassemblement s’est déroulé tôt le matin du 9 février.

Bien que les groupes séparatistes du Cameroun admettent eux-mêmes s’opposer à l’existence des écoles publiques, l’implication potentielle de l’état dans l’un des incidents analysés par Bellingcat ne peut être exclue. Une vidéo du 3 janvier 2019 montre des hommes en uniforme de l’armée camerounaise présents sur la scène de l’incendie d’une école dans un petit village appelé Eka, près de la ville de Widikum (5.926791, 9.742550).

L’école a été géolocalisée par les volontaires de l’UC Berkeley’s Human Rights Center (fichier PDF), et leurs informations ont été confirmées par des chercheurs de Bellingcat.

Cette vidéo pixelisée montre un groupe d’hommes armés et en uniforme en train de sécuriser le périmètre d’une école. Un pupitre d’écolier gît au sol à l’extérieur, ainsi qu’un tas de bois et une hache. La vidéo ne montre pas qui a allumé l’incendie, déjà en cours. Cependant, les hommes présents ne semblent pas s’organiser pour l’éteindre. L’un d’eux semble même mettre le feu à un morceau de tissu. L’incendie s’intensifie alors que la caméra recule pour montrer une vue d’ensemble du bâtiment à la fin de la vidéo.

Le motif camouflage de tous ces hommes correspond au motif « lézard » utilisé par les forces armées camerounaises. Au moins deux d’entre eux semble être équipés d’un fusil d’assaut Zastava M-21, également utilisés dans l’armée camerounaise.

Comparaison du camouflage porté par les hommes vus lors de l’incendie de l’école d’Eka et de celui porté par les soldats de l’armée camerounaise.

Une capture de cette vidéo a été publiée le jour même ainsi que le jour suivant par Ma Kontri Pipo Dem (« Mes chers compatriotes » en Pidgin), un site extrêmement partisan qui soutient la campagne gouvernementale contre les séparatistes ambazoniens. Le site affirme que l’armée camerounaise a brûlé l’école car elle était utilisée comme base par des combattants séparatistes, précisant « le gouvernement a construit cette école, le gouvernement a tout à fait le droit de L’INCENDIER. » Il est impossible de savoir si ces affirmations sont vraies.


Deux kidnappings à Nkwen

Au cours du conflit, des étudiants et des instituteurs ont également été kidnappés par différents groupes armés.

L’un des exemples le plus frappants, avec près de 78 enfants et un instituteur enlevés, est survenu tôt le matin du 5 novembre 2018 dans une école à Nkwen (5.996305, 10.160397), près de la ville de Bamenda dans la région Nord-Ouest.

Ce n’est que plus tard qu’est apparu la nouvelle que onze élèves avaient déjà été enlevés dans cette même école le 31 octobre et libérés après le paiement d’une rançon, selon une circulaire de l’église presbytérienne du Cameroun.

Après que la nouvelle du deuxième kidnapping se soit répandue, une vidéo a commencé à circuler sur les réseaux sociaux, montrant un groupe d’environ 11 enfants interrogés par leurs ravisseurs. Dans la vidéo, les enfants donnent leur nom et celui de leurs parents à la personne derrière la caméra, chacun affirmant avoir été capturé « par les Ambas » et qu’ils ignorent où ils sont retenus. Les enfants répètent tous la déclaration de manière quasi identique, visiblement sous la contrainte. Le fait qu’il n’y ait qu’un petit nombre d’enfants dans cette vidéo suggère qu’il s’agit du premier kidnapping du 31 octobre.

La seconde vidéo des enfants kidnappés à Nkwen montre cette fois un large groupe d’élèves réunis dans une pièce sombre. Certains ont encore leur uniforme d’écoliers du PSS Mankon, une autre école secondaire presbytérienne des environs. Selon une théorie propagée sur les réseaux sociaux, les enfants auraient été transférés à l’école de Nkwen, relativement calme pour leur sécurité, avant d’être kidnappés. Considérant le grand nombre d’élèves, il semble que cette vidéo correspond au deuxième kidnapping.

La totalité des 79 élèves de l’école secondaire presbytérienne ont finalement été libérés sans le paiement d’une rançon de le 7 novembre, bien que le principal et le personnel de l’école sont restés captifs cinq jours de plus. Le lendemain de la libération, les parents se sont rassemblés devant les portes de l’école de Nkwen pour retrouver leurs enfants. Un homme a donné une interview au média local WAKA Africa, expliquant sa frustration de n’avoir pas pu retrouver son enfant plus tôt. Les enfants ont été relâchés dans une église presbytérienne à Nsem, Bafut, à environ 16 kilomètres de l’école secondaire presbytérienne de Nkwen.

À ce jour, aucun groupe n’a revendiqué ce kidnapping.

Certains groupes séparatistes accusent le gouvernement camerounais d’avoir fait une mise en scène pour les discréditer, ce que le gouvernement dément formellement. En mai 2020, le gouvernement affirmait que l’un des hommes suspectés d’être derrière le kidnapping, « General Alhaji », avait été tué au cours d’une opération militaire.

Le calvaire d’un enseignant

Les instituteurs sont particulièrement visés par les enlèvements. Deux d’entre eux interviewés par Bellingcat parlent d’une atmosphère de peur parmi les enseignants des deux régions anglophones.

« Vous ne savez pas ce qu’il va se passer. La chose la plus sûre à faire est de ne pas être se montrer. En étant un simple instituteur, vous pouvez être enlevés par n’importe qui. N’importe qui peut vous capturer, sans même poser de questions… Quand vous serez enlevés, le gouvernement ne dira rien. Les gens ne diront rien non plus, parce qu’ils ont peur de ce qui les attend eux aussi. C’est comme ça que vous finirez par souffrir et peut-être même mourir », raconte l’un d’eux qui a fui les régions anglophones.

Une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux camerounais à l’été 2020 révèle ce qui peut advenir d’un instituteur qui a été enlevé. Un homme vêtu d’un maillot de corps fixe le sol alors qu’il est interrogé en Pidgin par des séparatistes. La date et le lieu où a été prise cette vidéo reste inconnue.

La caméra s’arrête sur le dossier dans la main du captif dont il semble qu’il était en chemin pour aller à l’école de Bamenda et y surveiller un examen de technologie. Il proteste, assurant qu’il n’allait pas faire un cours mais simplement gagner de l’argent. Deux de ses frères se battent avec les Ambazoniens, assure-t-il, invitant ses interrogateurs à comparer leur héroïsme avec le sien.

L’instituteur se voit répondre qu’il paiera avec son sang. Selon le CHRDA, l’instituteur aurait finalement été relâché et serait toujours en vie. Bellingcat n’a cependant pas pu vérifier cette information.

Retour à l’école?

Les écoliers apparaissent également dans de nombreuses autres vidéos du conflit au Cameroun.

Pour le gouvernement camerounais, ramener les enfants à l’école symboliserait une victoire. Pour les groupes armés, à l’inverse, la soumission des enfants au boycott où leur transfert dans des écoles en dehors du contrôle gouvernemental, démontre leur niveau de pouvoir sur les communautés locales.

Ainsi, Ngidah Che Lawrence, l’officier ayant réprimandé des habitants de Kungi après l’incendie d’une école, a partagé une courte vidéo sur son compte Twitter, le 4 mars 2020. Elle montre un groupe d’enfants marchants en tenant un drapeau nationale. « Que c’est beau de voir ces petits anges en uniforme », commente-t-il.

Cette scène a été géolocalisée sur la route principale de Nkambe, entre une station de carburant Total et une tribune régulièrement utilisée lors de grands événements publics. Des parades ont ainsi eu lieu à cet endroit, comme en 2019 pour le Unity Day et en 2020 pour le Youth Day.

Les marches d’écoliers ont également commencé à apparaître dans les grands rassemblements publics organisés par les groupes séparatistes.

Une vidéo populaire postée sur Facebook montre une partie de la fête de l’indépendance d’Ambazonie en octobre 2020. Un groupe d’enfant dirigés par une institutrice et portant des drapeaux ambazoniens chantent « Amba-, Amba-, Ambazonie ! ». La voix de l’homme qui filme salue les « écoles communautaires » d’Ambazonie alors que les enfants passent devant le podium .

 

Le Cameroun rural est peu visible en ligne et les services de cartographie y sont souvent incorrects. Mais en y regardant de plus près, on remarque que la vidéo comporte quelques éléments qui permettent de vérifier l’endroit : tout d’abord, plusieurs des institutrices portent un Hijab, ce qui suggère que la vidéo a été tournée dans la région du Nord-Ouest qui comporte une grande minorité musulmane. Un panneau porté par des élèves indique qu’ils sont venus d’une ville proche nommée Yelum, ou Elom. Enfin, la voix de l’homme qui filme la vidéo affirme qu’il s’agit du département de Bui, alors sous le contrôle d’un commandant séparatiste connu sous le nom de général Hassan. Ce dernier aurait été tué au combat en février 2021.

Une recherche par satellite de Yelum n’a pas permis de trouver de correspondances. Mais une recherche Facebook sur le général Hassan permet de trouver une autre vidéo du même endroit, qui est filmée avec un plus grand angle et révèle plus de détail. Elle montre un terrain de football avec deux bâtiments et un arbre bien reconnaissable juste devant.

Un terrain de football situé dans une zone rurale entre Elom et la ville de Kumbo correspond à celui visible dans la vidéo, la ligne montagneuse à l’arrière-plan correspond également à une recherche sur PeakVisor. Les cartes en ligne du Cameroun nomment cet endroit Mbiim ou Mbam. Les coordonnées de cette location ont été retrouvées sur une liste officielle des villages du Cameroun, où l’endroit est cette fois nommé Mbam-Song (6.308189, 10.630388).

Selon Mimi Memo Info, depuis 2020 des dissensions sont apparues au sein des séparatistes au sujet de la reprise de l’école. Certains souhaitent désormais se présenter comme favorables à l’éducation, à condition qu’elle soit ambazonienne.

Nous avons trouvé la vidéo suivante postée sur YouTube en août 2018 montrant des enfants, dont la plupart en très bas âge, se tenant devant un drapeau ambazonien en chantant des chants séparatistes. Vers la fin de la vidéo, un homme s’identifie comme le « commandant Tiger » des Force de défense d’Ambazonie, dans la ville de Batibo.

En septembre 2018, une autre vidéo circulant sur les réseaux sociaux montre une « école communautaire » qui serait dirigée par les Forces de défense d’Ambazonie dans cette même ville. Le narrateur qui présente l’école s’identifie à nouveau comme le « commandant Tiger ».


Nous avons d’abord vérifié si les vidéos du commandant Tiger étaient bien filmées à Batibo.

Par exemple, fin août 2018, le commandant avait été aperçu portant un masque et une arme aux alentours du marché de Guzang, à Batibo. Il s’adressait à une large foule en liesse chantant l’hymne ambazonien, aux côtés de ses hommes.

Le même mois, le commandant et son groupe étaient également aperçus en train de bloquer l’autoroute principale, menaçant de placer des véhicules en flammes au niveau d’un carrefour menant à Guzang.

Ces vidéos et d’autres indiquent que les opérations du commandant Tiger se déroulaient en dehors du centre de Batibo.

Une nouvelle vidéo est apparue le 12 novembre 2018. Cette fois, le commandant Tiger porte son masque, accompagné par des hommes armés. Le groupe dispose des ordinateurs devant une école qui se révèle être celle de la vidéo qui circulait déjà en septembre.


Dans cette même vidéo on peut entendre des coqs en fond sonore et la lumière du soleil frappe le bâtiment avec un angle rasant, ce qui laisse penser que la vidéo a été tournée tôt le matin. Selon les données solaires, et en partant du principe que la vidéo a bien été tournée en novembre à Batibo, le soleil aurait dû toucher l’école depuis le sud-est, ce qui nous permet de confirmer la localisation exacte de cette école (5.851561, 9.885138).

La vidéo du commandant Tiger montrant les cours à l’intérieur de l’école ne permet pas de tirer de conclusion sur la vision de l’éducation chez les séparatistes dans les régions anglophones. Ces dernières années, certains groupes ambazoniens ont affirmé travailler sur un programme alternatif.

Il est cependant impossible de savoir à distance jusqu’où a été l’application de ces programmes sur le terrain, où s’ils ont même jamais été appliqués.

Classe, genre, et crise de l’éducation

Les groupes de femmes au Cameroun se sont beaucoup fait entendre en demandant l’arrêt des attaques sur les écoles et en suppliant les belligérants de mettre un terme aux violences.

Esther Omam Njomo est une activiste camerounaise extrêmement influente, humanitaire et directrice exécutive de Reach Out Cameroun, une ONG basée à Buea qui s’occupe des droits des femmes et des enfants. En mai 2018, elle a crée la Task Force des femmes du Sud-Ouest et du Nord-Ouest (SNWOT) qui rassemble les femmes de la société civile pour promouvoir la paix dans les régions anglophones. En mai 2019, elle a témoigné devant le Conseil de sécurité des Nations unies. Dès son retour au Cameroun, elle a du faire face à des attaques effrayantes. Mais malgré les nombreuses menaces, elle continue de militer pour la paix dans les zones de conflits.

Dans une interview accordée à Bellingcat, Njomo parle d’une fracture de plus en plus profonde entre les communautés urbaines où les écoles, en particulier les établissements privés, ont pu rouvrir, tandis que les écoles des zones rurales ne sont toujours pas sûres. A travers les régions, selon elle, les pauvres ne peuvent se permettre d’envoyer leurs enfants à l’école dans une autre localité. « Vous avez les riches, puis la classe moyenne et les pauvres, et les villages qui n’ont pas les moyens d’envoyer les enfants à l’école ».

Ces inégalités sociales de plus en plus grandes sont accompagnés par une inégalité de genre, note-t-elle.

« Une bonne partie des gens travaillant dans les écoles au Cameroun sont dépendant du salaire que leur verse le gouvernement, et la plupart sont des femmes. Dans les régions les plus conservatrices du Cameroun, c’est l’un des seuls métiers autorisés aux femmes. Mais les instituteurs sont dans le même temps devenus une des cibles principales de ce conflit ». Et d’ajouter « Les femmes souffrent, exactement comme les enfants. Certaines ont préféré devenir fermière afin de pouvoir nourrir leur famille. »

« Quel crime a pu être commis par un enfant à qui l’ont refuse le droit à l’éducation ? Qu’ont-t-ils fait pour mériter d’être livrés aux caprices de ceux qui ont déclenché cette guerre ? », s’interroge Njomo, ajoutant qu’elle ne souhaite pas désigner de responsable en tant qu’humanitaire, afin de rester impartiale.

Le jeu des accusations

Alors que les attaques contre les écoles, les instituteurs et les élèves continuent, la peur de la violence qui entoure l’éducation s’épaissit. Selon une estimation du Global Education Cluster publiée en décembre 2019, 83 % des écoles des régions anglophones sont fermées.

« Restaurer le système éducatif pour qu’il retrouve le niveau qu’il avait avant la crise prendra beaucoup de temps. La plupart de ces zones ne sont toujours pas sûres et ont été abandonnées pendant trois, quatre voire cinq ans. Sans investissements massifs, il sera difficile de faire remarcher les écoles dans ces endroits », résume Arrey Elvis Ntui, expert sur le Cameroun pour l’International Crisis Group.

Des leaders séparatistes interrogés par Bellingcat et s’exprimant depuis leurs diasporas ont largement niés les accusations selon lesquelles les séparatistes auraient attaqués des écoles. Selon eux, des groupes criminels ont non seulement tiré avantage de la situation pour harceler des civils, mais ils ont aussi permis au gouvernement camerounais de présenter à la communauté internationale le mouvement séparatiste comme des hors-la-loi s’opposant aux droits à l’éducation.

« Ils ont totalement conscience que quoi qu’ils fassent, ce seront toujours les séparatistes qui seront accusés au final, puis qu’eux n’ont pas appelé au boycott. Ainsi, dès qu’un incident survient dans une école, les premières suspicions se tournent toujours vers un groupe ambazonien », explique Akwanga.

Cependant, pour justifier le boycott, Cho Ayaba assume : « nous savons qu’il va y avoir des pertes. Cette génération paie le prix pour que la prochaine puisse avoir un meilleur futur. C’est ce qui s’est passé dans tous les pays qui se sont battus pour leur liberté ».

Les sources séparatistes citées dans cet article attribuent le massacre de Kumba, l’incendie de l’école de Nkambe et le kidnapping de Nkwen au gouvernement camerounais. Cette version contraste fortement avec la position du gouvernement, qui a déjà accusé les séparatistes d’être responsables de ces mêmes incidents.

Ni le ministère de la Communication du Cameroun, ni un porte parole de l’armée ou un représentants des ambassades camerounaise au Pays-bas, en France, en Grande-Bretagne ou aux États-Unis, n’ont répondu à nos questions avant la publication de cet article.

Dans ce conflit qui semble sans fin, un retour complet et sûr à l’école pourrait se révéler illusoire. D’ici là, les conséquences économiques et sociales pour la prochaine génération de Camerounais anglophones restent très incertaines.

Pendant que les belligérants s’accusent mutuellement, ce sont bien les enfants qui en paient le prix. Esther Omam Njomo s’interroge : « les enfants sont nos lendemains. Quels lendemains auront nous avec des enfants qui n’ont pas été éduqués? »

 


Recherche réalisée par Youri van der Weide, Charlotte Godart, Carlos Gonzales et Timmi Allen. Avec la participation de Maxim Edwards et Jake Godin. Produit avec l’aide de Billy Burton et ses collègues du Cameroon Anglophone Crisis Database of Atrocities, et avec nos remerciements à l’université californienne de Berkeley, l’équipe de l’Exeter Database et Siham Ali. Article traduit en français par Élie Guckert.